SCIENCES : MARIE, UNE VOLONTE ATOMIQUE

S’il est vrai que la lutte féministe occupe une grande place dans le paysage actuel, il n’a pas toujours été facile de “porter ses ovaires”. Notre héroïne du jour a pourtant su se tenir droite et ce, sans corset. Nous allons donc nous pencher sur cette femme brillante, dans… tous les sens du terme.

Mama Pitch se doit de vous l’avouer, elle n’a jamais été très douée en sciences, qu’elles soient mathématiques ou physiques.
Au grand désespoir de mon père d’ailleurs, qui a dû passer des nuits blanches à tenter de m’expliquer la division euclidienne.
C’est pourquoi mes petites loutres en chocolat, je suis plus qu’admirative devant le parcours de Marie Curie, véritable exemple de volonté, de courage et de folie (peut-être un peu).

Allez c’est parti pour une cure de radium !

BON SANG NE SAURAIT MENTIR

Marie voit le jour et ses premières radiations le 07 Novembre 1867 à Varsovie, dans une Pologne annexée par la Russie Tsariste.
Ses parents Władysław et Bronisława (que je suis très contente de ne pas avoir à prononcer) sont des personnes exceptionnelles… à plus d’un titre.
Fervents défenseurs d’une libération du peuple et d’une éducation populaire, ils sont tous deux enseignants :
Son père est professeur de physique. Attaché aux valeurs progressistes, il adhère totalement aux progrès scientifiques.
Sa mère est directrice d’école et compte bien veiller à ce que ses 5 enfants bénéficient d’un enseignement de qualité.
La pomme ne tombant jamais loin de l’arbre (et de la tête de Newton), la fratrie se révèle être brillante mais Marie se distingue par son insatiable curiosité intellectuelle.

Comme vous mes petites galettes à l’estragon, bande d’abonnés infatigables !

Comme nous l’avons souvent vu par le passé, le parcours des génies est généralement saupoudré de drames personnels et Marie ne fait pas exception à la règle.
Et cela va commencer très tôt.
A l’âge de 9 ans, elle voit sa sœur Zophia succomber au typhus puis 2 ans plus tard, sa mère meurt de la tuberculose.
Loin de plonger dans la drogue et le rock’n’roll, Marie va noyer son chagrin dans les études et termine sa scolarité obligatoire à l’âge de 16 ans.

UNE BRUNE AU PAYS DES BURNES

Avide de savoir, elle souhaite évidemment entamer un parcours universitaire.
Mais les études supérieures en Pologne sont à l’époque affaire de moustache.
Les femmes en sont exclues mais cela n’ébranle en rien la volonté de Marie qui voit sa sœur Bronia partir à Paris et entamer des études de médecine.
Je vous avais dit que c’était tous des tronches !
Qu’à cela ne tienne, Marie se fait la promesse de la rejoindre lorsque ses économies le lui permettront.
Pour réaliser son rêve, Marie travaille en tant que gouvernante jusqu’en novembre 1891 où elle débarque à La Sorbonne pour entamer un cursus de mathématiques et de physique.

DE BRILLANTES ÉTUDES

Parmi la vingtaine de femmes que comptent les bancs de la fac, Marie se distingue par ses excellents résultats. En effet, en 1893, elle sort major de sa promotion en obtenant sa licence de physique avec mention “Très Bien”.
Et tel le réacteur n° 4 de Tchernobyl, on ne l’arrête plus. Un an plus tard, elle obtient sa licence de mathématiques.
Non contente de rouler sur ses études comme Bezos sur les pauvres, Marie parle couramment 4 langues : Français, Russe, Allemand et Anglais.
Parallèlement, elle commence à travailler au “Laboratoire de recherches physiques de la faculté des sciences de Paris” à l’époque dirigé par Gabriel Lippmann.
Très satisfait de son travail, ce dernier ouvre les portes du milieu scientifique à Marie où elle fait de nombreuses rencontres et commence à se faire un nom.
Jusqu’à ce que le moins scientifique des concepts lui tombe dessus : L’amour.

COEURS EN FUSION

C’est lors de la soutenance de ce dernier qu’elle fait la connaissance de Pierre Curie, dont elle dira plus tard dans le livre qu’elle écrira sur lui :

«J’ai été frappée par l’expression de son regard clair et par la légère apparence d’abandon dans sa haute stature. Sa parole, un peu lente et réfléchie, sa simplicité, son sourire à la fois grave et jeune, inspiraient confiance.»

Marie Curie

On peut affirmer que, contrairement à mes felis domesticus, le courant passe vite  : leurs intérêts mutuels, leur passion commune pour les sciences…
Bref, c’est un coup de foudre à 200 000 ampères ! C’est alors qu’elle apprend la maladie de son père et décide de regagner la Pologne par sens du devoir familial. Elle se résout alors à tout abandonner pour devenir enseignante.
Mais Pierre et sa soeur ne l’entendent pas de cette esgourde et décident de contacter le patriarche qui interdit alors à sa fille de gâcher sa carrière et sa vie de femme.

C’est ainsi que Marie épouse Pierre lors d’une cérémonie discrète à la mairie de Sceaux.
Marie s’appelle Curie et gagne désormais du temps lorsqu’elle doit écrire son nom.
Le mariage semble lui réussir puisque l’année suivante, soit 1896, elle obtient son agrégation de mathématiques.
Elle est alors à l’époque, la seule femme à posséder cette distinction.

Pas de pause, Marie enchaîne avec la naissance de sa première fille : Irène Curie qui deviendra également physicienne.
C’est une mère douce et aimante à qui la maternité ne pose aucun souci d’organisation.

CURIES DIPLÔMES, CURIES IRRADIÉS, MAIS CURIES RÉCOMPENSÉS.

Bon. Les diplômes c’est bien, leur trouver une application c’est mieux.
Ça tombe bien, Marie qui déteste stagner se met alors à assister le physicien qui donnera son nom à une unité de mesure de la radioactivité, le fameux Henri Becquerel.

[NDLR : C’est en observant la mise en contact de plaques photos avec de l’uranium (attention ça brûle) que Becquerel démontre que celui-ci émet un rayonnement qui lui est propre, sans nécessiter de source extérieure.]

Marie en fait le sujet de sa thèse qu’elle élabore dans un petit hangar de fortune prêté par l’école. Avec Pierre, ils analysent le rayonnement de l’uranium, de jour comme de nuit.
Sans être experte, je pense qu’il vaut mieux essayer de ne pas reproduire ça chez vous, à moins de vouloir posséder un troisième bras.
C’est lors de ces intenses recherches que notre petit couple irradié va alors découvrir 2 éléments issus du pechblende (un minerai d’uranium) : Le radium et… l’outil de suppression préféré du KGB/FSB, le polonium.

Je continue à dire qu’il faudrait vous éloigner, mes tourtereaux…
Parallèlement à ces recherches, leurs carrières universitaires respectives explosent : Pierre est chargé de cours de physique à l’université de Paris et Marie devient la première femme à occuper le siège de professeur de l’école normale supérieure de Sèvres.

En 1903, nos deux amoureux pulvérisent le game en se voyant décerner le Prix Nobel de Physique avec Henri Becquerel.
Marie est alors âgée de 36 ans. C’est qu’il ne faudrait pas perdre de temps…
L’année suivante, leur seconde fille Eve voit le jour.
Si cette dernière se révèle brillante, elle casse un peu la routine familiale puisque ce sera plutôt une femme d’arts et de lettres.
L’académie Nobel leur demande d’être les invités d’honneur de l’édition 1905, où Pierre Curie prononce un discours aussi prophétique que la candidature de Macron :

“(…)On peut concevoir que dans des mains criminelles, le radium puisse devenir très dangereux(…)”

Pierre Curie

Je te le fais pas dire mon Pierrot, mais si tu me permets, j’ajouterai que dans des mains non gantées de plomb aussi…

LA VEUVE SOLIDE

Marie, qui pensait en avoir fini avec les drames, va voir sa vie basculer lorsque le 19 avril 1906, Pierre est renversé par une calèche à l’intersection de la rue Dauphine et Quai de Conti.
Il meurt sur le coup, laissant son épouse seule avec deux enfants…
Vivant un amour véritable à l’époque où les mariages arrangées sont plus nombreux que les produits dérivés Star Wars, elle est profondément ébranlée par cette perte :

“Ma vie est saccagée de telle sorte qu’elle ne s’arrangera plus, je pense qu’il en sera toujours ainsi et je n’essaierai pas de vivre autrement”

Marie Curie

Ebranlée certes, mais loin d’être brisée, elle se jette à corps perdu dans le travail, son exutoire, pote de toujours. On lui demande de remplacer Pierre à son poste à La Sorbonne, ce qu’elle accepte, devenant ainsi la première femme enseignante de cette illustre institution.
Avec d’autres chercheurs, elle transmet sa philosophie en créant une école (où l’expérimentation joue un rôle crucial), pour éduquer leurs enfants respectifs entre 6 et 13 ans. De cet établissement sortiront de grands chercheurs comme sa propre fille.

Je sais mes petites bouchées à la reine, vous vous dites : “Quelle femme extraordinaire!”
(Si ce n’est pas le cas, il est grand temps de vous abonner à Madmoizelle. Non, je déconne. Ne fais pas ça… Vraiment.)
Mais ce n’est pas fini !
Non contente de développer chez votre Mama Pitch un léger complexe d’infériorité, Marie va devenir la première personne à obtenir un second Prix Nobel pour l’ensemble de ses recherches. Et accessoirement, la seule femme encore aujourd’hui dans le domaine des Sciences.
Malheureusement, son succès grandissant suscite une certaine malveillance de la part des journaux, notamment nationalistes (oui toujours les mêmes qui font chier)…
On lui reproche sa liaison avec Paul Langevin (alors marié et père de famille), on lui intime l’ordre de ne pas se rendre à Stockholm chercher son prix.

Mais vous connaissez Marie, elle s’en bat les tétons et se rend à la cérémonie.

BAROUD D’HONNEUR

Malgré sa grande force de caractère, Marie est accablée par ce scandale auquel s’ajoute une maladie rénale qui la contraint à une convalescence forcée.
Mais voilà, l’heure des poilus et des tranchées sonne et la première Guerre Mondiale pose son gros cul sur le canapé de l’Europe.
Marie travaille alors à l’Institut du Radium (aujourd’hui appelé Institut Curie) où elle planche sur les applications médicales de ses travaux de recherche.
Mobilisée, elle se retrouve au service radiologique des armées qu’elle va grandement enrichir, notamment avec la création des “petites curies”.
Kézako ?
Il s’agit d’unités radiologiques mobiles installées dans des voitures postées en retrait des champs de bataille.


Ce dispositif, en plus d’être révolutionnaire, améliore drastiquement les chances de survie des soldats blessés.
Une fois la guerre terminée, non sans un certain panache que l’on paiera par la suite, Marie peut enfin exercer peinarde son poste à l’Institut avec sa fille Irène qu’elle a prise comme assistante de recherche.
La vie s’écoule doucement, tout comme les mutations de son ADN, jusqu’à ce qu’on lui diagnostique une leucémie, résultat de trop nombreuses manipulations de minerai radioactif sans protection.
Et c’est donc irradiée par ses propres découvertes que Marie s’éteint le 4 juillet 1934 à Passy, dans le sanatorium de Sancellemoz.
Les autorités sanitaires prennent alors la précaution de placer son corps et celui de Pierre dans deux cercueils constitués de trois caissons dont un en plomb, et ce dans le but évident de limiter les radiations de ces… brillants chercheurs.

DERNIÈRE BALADE

En 1995, Marie et Pierre Curie entrent au Panthéon.
C’est l’occasion pour les scientifiques de mesurer la radioactivité de leurs dépouilles et ses effets sur le processus de décomposition.
On s’aperçoit alors que le corps de Marie est toujours deux fois plus radioactif que l’air ambiant et qu’elle est relativement bien conservée.
C’est ainsi que les cendres de Marie rejoignent une autre grande dame qui s’est battue pour les droits de toutes, Simone Weil.

CONCLUSION

Marie Curie était une sacrée pionnière dont les travaux ont continué longtemps après sa mort, notamment par l’intermédiaire de sa fille à qui elle avait transmis la passion de la science.
Son histoire à la fin tragique nous rappelle que les grands nous quittent décidément trop tôt… et que lorsqu’on manipule de l’uranium, mieux vaut mettre des gants.

Mama Pitch vous remercie de votre attention et vous souhaite une vie longue et heureuse dans notre beau pays où les nuages radioactifs s’arrêtent aux frontières.
Parce qu’avec Pitchbull, la seule chose atomique, c’est l’envie d’en savoir toujours plus !

Jasmine.B (Miss Poissonnière 2014)

LIENS :

Lecture :

Audio :

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BONUS :

En 2019, Marjane Satrapi a réalisé un film biographique intitulé « Radioactive », je vous en laisse la bande annonce ci-dessous :
N’hésitez pas nous dire en commentaire si vous l’avez vu et s’il vaut le coup 😉 !

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