En ces temps de frénésie médiatique, il vous arrive de vous sentir largués, dépassés ?
Mama Pitch va vous rassurer, notre héros du jour avait près de 29 ans de retard sur l’information la plus capitale de son époque.
Direction la jungle des Philippines, pour rencontrer le soldat le plus obstiné de l’histoire.
Si la persévérance est un trait de caractère louable, dont votre Mama Pitch manque d’ailleurs parfois, il peut arriver que pour certains… cela n’aille (clairement) trop loin.
OU ? QUAND ? QUOI ?
“Nous sommes en 1945 après Jésus-Christ. Tous les Japonais ont capitulé face aux Américains… Tous ? Non ! Un groupe constitué d’irréductibles soldats résiste encore et toujours à l’envahisseur.”
Et oui mes petites tartelettes à l’ail ! Malgré la reddition de l’empereur Hirohito mettant un terme à la Guerre du Pacifique, près de 127 soldats japonais disséminés dans les îles continuent à se battre pour leur patrie.
On les appellera par la suite les “Stragglers” (Traînards).
Ces soldats ont-ils fondu les plombs ?
Auraient-ils une passion texane pour la poudre ?
Trouvent-ils l’air de la jungle Philipine plus vivifiant ?
Ont-ils peur de retrouver bobonne dans les bras d’un autre zèbre ?
COMMENT JEAN ? POURQUOI GEORGINA ?
Si les causes sont multiples, il semble que deux d’entre-elles se distinguent clairement :
- L’ INFORMATION, c’est comme le pognon. Faut que ça circule.
Et c’est là, hélas, qu’est l’os.
Les Américains, en “fins” tacticiens, ont appliqué la stratégie dite du “saute-mouton”.
Elle consiste à contourner les îles du Pacifique fortifiées par les Japonais pour se concentrer sur les plus stratégiques et les moins défendues pour se rapprocher du Japon et y installer des bases qui leur économise carburant et matériel ! Ce faisant, de nombreuses îles occupées par les Nippons sont privées de ravitaillement, d’ordres et d’informations.
Et c’est ainsi que certains vont passer à côté du scoop du siècle :
La guerre est finie. Rentre chez toi, mange une banane. - EMBRIGADEMENT ET FANATISME (sont deux mots qui vont très bien ensemble)
Comme nous l’avons déjà vu ici, le Japon baigne même encore aujourd’hui dans une tradition du “culte de l’honneur”. Attaques kamikazes ou hara-kiri, telles étaient les seules options en cas de défaite ou de capture par l’ennemi. Dans ce contexte, il n’est pas vraiment étonnant que certains soldats n’aient vu dans l’annonce de la fin de la guerre qu’une ruse destinée à les déstabiliser.
Pour ces soldats, la défaite Japonaise est plus impossible qu’un Marvel sans placement de produit..
1,2,3 NOUS HIRO AU BOIS
Le 1er Mars 1945, les Américains reprennent l’île de Lubang.
Les troupes japonaises présentes sont décimées ou capturées.
C’est ici que débute une résistance plus longue que la liste des crimes et délits d’Alexandre Benalla.
Le lieutenant Hiro Onoda, âgé alors de 23 ans, se retranche dans les montagnes avec trois autres soldats : Yuichi Akatsu, Shoichi Shimada et Kinshichi Kozuka.
Bien armés et entraînés aux techniques de guérilla, nos soldats multiplient les escarmouches contre les troupes américaines au départ, contre les autorités philippines par la suite, qui, on peut les comprendre, commencent à être légèrement agacées par le déni de réalité des 4 mabouls de la montagne.
Yuichi Akatsu se rend aux autorités en 1950, s’estimant sans doute “trop vieux pour ces conneries”.
Shoichi Shimada sera tué en 1954 par des soldats philippins.
En 1959, Hiro Onoda est officiellement déclaré mort par le Japon, il en sera le dernier informé. Comme d’hab.
Nos 2 derniers belliqueux réfractaires continuent leur vaine résistance jusqu’à la mort de Kinshichi Kozuka en 1972 à la suite d’une échauffourée avec des autochtones.
Désormais aussi seul que le dernier M&M’s du paquet, Hiro persiste et affirme lors de sa rencontre avec un étudiant japonais, nommé Norio Suzuki, qu’il ne se rendra jamais, exception faite, sur ordre de son supérieur hiérarchique.
De retour au pays, Norio l’explorateur fait part de ce message au gouvernement japonais qui considère avoir assez laissé traîner ses petits soldats… Il faut agir.
Par chance, le supérieur de notre tête de pioche, le major Taniguchi est toujours vivant et tient désormais une librairie.
Il rejoint la délégation composée de diplomates, journalistes et militaires envoyée aux Philippines pour assister à la reddition officielle de ce sacré patriote.

ET APRES ?
Nous sommes en 1974, et la guerre a pris fin depuis 29 ans.
Hiro, sans doute déçu et légèrement désoeuvré, s’installe au Brésil plusieurs années pour y écrire son histoire de résistance dans la jungle, devenir éleveur de bétail et trouver une épouse.
Ben ouais… y’à plus de temps à perdre.
En 1984, il retourne au Japon où il devient une figure du révisionnisme jusqu’à sa mort en 2014.
Hiro Onoda fut officiellement le dernier soldat japonais à se rendre, presque 30 ans après la fin de la guerre.
Un film intitulé « Onoda 10 000 nuits dans la jungle » réalisé par Arthur Harari fut projeté en ouverture de l’édition du Festival de Cannes 2021.
CONCLUSION
Cet article à présent terminé, Mama Pitch vous souhaite plus que tout une année NORMALE, des balades champêtres et des retards de moins de 29 ans.
Avec Pitchbull évidemment !
Jasmine.B (Call-girl à Leménil-Mitry)
LIENS :
Audio :
- Une interview du réalisateur Arthur Harari dans l’émission « Les matins d’été » sur France Culture (durée : 14 minutes) : « L’histoire d’Onoda me parlait intimement dans son rapport à la réalité »
- Un numéro du Podcast « Parole d’histoire » (durée : 49 minutes) : « Filmer la guerre, la solitude et le temps : Onoda, avec Arthur Harari«
Vidéo :
- Un épisode de la série « Histoire de Guerre » sur la chaîne YouTube de Mamytwink (durée : 14 minutes) : « HDG #14«
- Une vidéo sur la chaîne YouTube « Epic Teaching of History » (durée : 12 minutes) : « Les Stragglers, ces Soldats Japonais qui ont continué la Guerre«
Bonus : Mes verrines au comté, je vous laisse la bande-annonce du film « Onoda : 10 000 nuits dans la jungle ».