Si l’on peut considérer les fake-news comme un des fléaux de notre société contemporaine, on ne peut nier que celle-ci est un coup de maître.
Créée de toutes pièces par 3 médecins courageux, cette supercherie a sauvé des centaines de vies.
Mama Pitch vous emmène à Rome assister à cette mascarade providentielle !
En ces temps d’épidémies mondiales, que ce soit le COVID ou le complotisme, il est bon de se rappeler qu’en des temps aussi sombres qu’une chanson de Mylène Farmer, certains bonimenteurs ont oeuvré pour la bonne cause et renvoyé les loups, la queue entre les jambes.
C’est donc en septembre 1943 que nous nous rendons.
Prenons la Delorean à 88 miles à l’heure !
UN HÔPITAL À PART
L’hôpital “Fratebene Fratelli” fut construit en 1581 sur l’île de Tibérine en plein de cœur de Rome.

Utilisé pendant les épidémies de peste et choléra pour son isolement au milieu du fleuve Tibère, cet hôpital est unique à bien des égards en 1943.
Soutenu secrètement par l’Eglise, il devient un lieu de résistance aux formes variées : soins et aide aux résistants, emplois de médecins interdits d’exercer dans le cadre des lois antisémites et refuge pour les malades et les familles juives menacées.
En son sein, 3 hommes œuvrent dans l’ombre contre le fascisme tels des Batmans de la Seconde : le père Mauricio Bialek, et trois médecins : Giovanni Borromeo, Vittorio Emanuele Sacerdoti (médecin juif travaillant avec de faux papiers) et Adriano Ossicini (psychiatre antifasciste)…
LES LOUPS DANS LA BERGERIE
Vous n’êtes pas sans savoir mes petits muffins au Calvados, que durant la Seconde Guerre Mondiale, l’Italie est aux mains du parti fasciste et son tyran aux chapeaux improbables : Benito Mussolini.
Mais tout commence à déraper lorsque les alliés débarquent en Sicile, et ce, grâce à un habile stratagème que les plus fidèles d’entre vous ont déjà lu dans Pitchbull.
Mais si, souvenez-vous du major Williams ! Ou cliquez ici : “Opération « Viande hachée »”
Mussolini est donc arrêté le 25 juillet 1943 sur ordre du roi Victor Emanuele III et détenu dans la prison de Ponza.
Le 12 septembre 1943, des parachutistes allemands libèrent Mussolini qui n’avait pas encore défait ses bagages.
Adolf Hitler envoie alors Albert Kesselring pour mettre en place la déportation des juifs de la ville, épaulé par Herbert Kappler, un chef SS impitoyable ancien membre des Einsatzgruppen.
Un modèle de douceur et de tolérance donc… #team2nddegré
Début octobre, les nazis sont informés d’une situation préoccupante à l’hôpital “Fratebene Fratelli”.
Les médecins rapportent plusieurs cas d’une maladie inconnue aux symptômes pas franchement sympathiques : dégénérescence neurologique brutale, convulsions, accès de démence et enfin mort par asphyxie.
Les autorités allemandes décident de s’en battre le panzer, après tout, les médecins ont instauré une quarantaine et l’hôpital est situé sur une île… Aucun intérêt.
En bon SS, Kappler, saint patron des salauds, choisit la nuit du vendredi 15 au samedi 16 octobre pour attaquer la liquidation du quartier juif. Un jour de Shabbat donc.
Je vous passe les détails, vous les connaissez mes petits suisses au rhum.
Au cours de cette rafle, de nombreuses familles parviennent néanmoins à se réfugier dans l’hôpital avec le concours des médecins.
Kappler, alerté par un informateur anonyme que, par souci de clarté, nous appellerons “aller simple pour l’enfer en business-class”, envoie ses troupes investir l’hôpital…
LE POISON DANS LA TETE
Alors qu’ils se présentent, fiers comme des saucisses, les médecins barrent la porte.
Les vert-de-gris tout en leur intimant l’ordre de s’écarter, rappellent qu’il vaut mieux savoir qu’un récalcitrant, ça se fusille.
Le docteur Borromeo leur répond qu’il ne les empêchera pas d’entrer puisqu’ils sont chez eux mais qu’en tant que médecin, il est de son devoir de les mettre en garde contre le syndrome K qui sévit dans l’hôpital et dont la contagiosité est extrêmement inquiétante.
A l’appui de nombreux dossiers de patients, il expose ses observations et ses conclusions aux troupes allemandes, qui, n’écoutant que leur immense courage, font demi-tour et ne revinrent jamais.
Pourquoi risquer de contaminer toute la garnison pour des personnes qui sont déjà condamnées, juives de surcroît ?
Mais voilà mes petits far bretons, vous vous en doutez, cette maladie n’existe pas.
Elle a été inventée de toutes pièces par nos trois compères.
Un plan aux oignons, rigoureusement bien ficelé !
En préparant des faux dossiers, faisant courir le bruit du syndrome K en amont, transformant les caves de l’hôpital en service de quarantaine, ils n’ont rien laissé au hasard.
Ainsi, ils sauvèrent une centaine de juifs qui resteront à l’abri dans l’hôpital jusqu’à la libération de Rome, le 5 juin 1944.
COMBATTRE LE K PAR LE K
On a longtemps pensé que la lettre K avait été choisie pour sa ressemblance avec le bacille de Koch, responsable de la tuberculose. Une maladie hautement contagieuse, souvent mortelle et très redoutée à cette époque.
Il se révélera par la suite que le K correspondait en fait aux initiales de Kesselring et Kappler.
Quels trolls merveilleux ces médecins !
Le syndrome K était donc aussi un moyen d’identifier les faux-patients et de les mettre à l’abri en cas de rafle.
Une lettre pour identifier, une lettre pour se foutre des nazis, une lettre pour sauver des vies.
Cette histoire, longtemps restée méconnue, sera dévoilée au début des années 90 par Adriano Ossicini lui-même, peu avant sa mort.
Par la suite, le fils de Giovanni Borromeo publiera certaines pages des carnets de son père sur le syndrome K, dévoilant ainsi cette courageuse supercherie au monde entier.
En 2004, le mémorial israélien dédié aux victimes de la Shoah Yad Vashem de Jérusalem décerna à Giovanni Borromeo le titre de “Juste parmi les nations” à titre posthume.

CONCLUSION
En ces temps troublés où les comparaisons avec cette période sombre de l’histoire sont parfois hasardeuses ou indécentes, il est bon de se rappeler que certains ont risqué leur vie pour en sauver d’autres.
Voilà, Mama Pitch signe l’armistice pour cette semaine.
Les conditions de reddition sont le partage de cette histoire et le clic sur nos liens malins qui vous emmèneront loin !
Liens des yeux, liens du coeur…
Parce qu’un lien, vaut mieux que deux tu l’auras.
Jasmine.B (L’ex de Jules)
LIENS :
Audio :
- Un numéro de l’émission « Affaires Sensibles » sur France Inter (durée : 53 minutes) : « Syndrome K : la maladie imaginaire qui a trompé les Nazis«
Vidéo :
- Un numéro de l’émission « Invitation au voyage » sur ARTE (durée : 7 minutes) : « Les Nazis et l’histoire du syndrome K«