Génie : nom, masc. Aptitude naturelle de l’esprit de quelqu’un qui le rend capable de concevoir, de créer des choses, des concepts d’une qualité exceptionnelle.
Definition : Larousse
Avant tout, sachez que pour traiter de ce sujet, il a fallu que j’aille récupérer mon objectivité qui s’était tirée en vacances à Pataya.
Mais quand on aime, on ne compte pas. Petits veinards.
Bien ! Lançons-nous.
Si je vous demande quel est le point commun entre :
- Madonna
- La boxe
- Andy Warhol
- Un accident de voiture
- Des frigos
- Le Gray’s Anatomy
- Des milliers de dollars
Vous me dîtes naturellement : Va consulter.
Et pourtant, le lien c’est lui :

Classé parmi les artistes les plus chers au monde, sa dernière vente en 2017 s’élève à 110 millions de $.
Pour autant, l’histoire Jean-michel Basquiat est incroyable.
Je vais donc tenter ici de vous en apprendre plus sur cet artiste new-yorkais emblématique du mouvement Underground.
Quand je vous parle de génie, ce ne sont pas des paroles de jambes en l’air comme je vais vous le pitcher.
En plus d’être un des artistes peintres les plus avant-gardistes de son époque, JM est aussi un poète, musicien et acteur. De quoi nous le rendre sympathique ou…insupportable, au choix.
Né en 1960, JM est le fils de Gérard, expert comptable ayant fui la dictature Haïtienne et de Mathilde, une New Yorkaise d’origine Portoricaine pour qui l’excellence passe par une culture de la connaissance.
Cette diversité familiale explique pourquoi, à l’âge de cinq ans seulement :
- Il maîtrise parfaitement trois langues : Anglais, Espagnol et Français
- Il sait parfaitement lire et écrire.
- Il passe le plus clair de son temps dans les musées d’art avec sa mère.
En 1968, JM se fait percuter par une voiture et voit sa mobilité gravement entravée pendant de longs mois. Pour l’encourager, sa mère lui offre alors un exemplaire du Gray’s Anatomy.

JM alors âgé de 7ans, se met à dessiner frénétiquement des planches anatomiques.
Lesquelles feront d’ailleurs partie de ses thèmes récurrents.
S’en suit alors quelques écueils qui oblige la famille à se scinder et à quitter New-York.
Ville chérie qu’il retrouvera à 15 ans, lorsque son père revient s’y installer.
Après une scolarité légèrement chaotique dans un établissement huppé de Brooklyn, il arrête prématurément ses études et fugue régulièrement pour fréquenter la faune New-Yorkaise, vecteur de son inspiration grandissante.
Ceci lui vaudra le bannissement de la maison familiale.
LA FAIM DU DEBUT
Dès lors, JM adopte alors une vie marginale en vendant des cartes et des tee-shirts qu’il peint, vendus quelques dollars hier, valant des centaines de milliers aujourd’hui.
Au même moment, les murs des rues passantes voient fleurir des graffitis très particuliers à base de mots et de réflexion sur la société.
SAMO© vient de naître.
[NDLR : SAMO vient d’une expression utilisée par de nombreuses personnes âgées des quartiers pauvres.
-« How are you ? »
-« Oh…Samo » (pour same old shit)]

Ça commence à nous planter le bonhomme.
Un jeune de 19 ans à la frénésie créative d’un chat pendant son quart d’heure (vous savez de quoi je parle), au besoin dévorant de décrire la société, de se libérer de ses entraves.
A cet instant, SAMO© est un mystère absolu : qui, pourquoi ?
C’est lors d’une émission de Glenn O’Brien (une sorte de Contest artistique) que JM se révélera être SAMO© dont il annoncera la mort dans des graffitis en 1979.

SAMO© est mort, vive Jean-Michel Basquiat !
Un jour, en passant devant la vitrine d’un restaurant, il stoppe net !
Andy Warhol (qui dégustait probablement une soupe de tomate Campbell’s), voit se précipiter sur lui ce jeune garçon à la coupe improbable pour lui vendre quelques cartes.
Celui-ci en prendra 2. C’est là leur première rencontre signant les prémices d’une longue amitié.

Mais si la renommée le séduit, ne serait-ce que pour vivre sous un toit, ce n’est pas son obsession.
Non, Jean-Michel veut peindre et montrer sa vision du monde. Si seulement, il avait les moyens d’acheter des toiles…
Oui, on en est là. Et on touche ici, une autre particularité de Basquiat.
En ces temps de disette matérielle, JM récupère des objets dans la rue : Frigos, caisses, encadrements de fenêtres et même des pneus.
N’importe quoi pourvu qu’il puisse continuer à peindre. Pour lui, c’est aussi important que de respirer.
Son oeuvre est donc constellée de différents supports :
1980 : Alors que je ne suis même pas encore une lueur lubrique dans l’oeil de mon père, JM, lui, a fondé un groupe de rock Noise (baptisé Gray’s d’ailleurs), exposé avec Keith Haring et tourné dans le film « Downtown 81 » (dont je vous invite à regarder le trailer ci dessous maintenant. Si si faites-le, ayez confiance).
Sa rencontre avec la galeriste Annina Noseï va signer la fin des années de galère.
Flairant son immense potentiel et son côté « bankable« , elle lui propose de peindre dans le sous-sol de la galerie, lui fournissant toiles, peinture, atelier et même un appartement !
Au même moment, sa carrière décolle à la suite d’un article intitulé « The Radiant Child » dans le prestigieux magazine « Art Forum« .
A la fin de l’année 82, JM s’offre aussi le luxe d’entamer une courte idylle avec Madonna.

La Biennale du « Whitney Museum of American Art » en mars 1983, dont il est le plus jeune exposant, va finir d’embraser sa carrière.
A partir de cet instant, JM rentre dans une phase de création frénétique.
Il accouchera de plus de 800 tableaux en 7 ans et d’un nombre encore indéfini de dessins.
C’est presque autant que ses fantaisies capillaires…
On peut retrouver chez Basquiat des thèmes qui lui sont chers, qui conditionnent évidemment sa façon d’être au monde :
- Oppression et racisme
- Violences policières (le meurtre d’un jeune noir par la police l’affectera terriblement)
- Diversité culturelle
- Société de consommation
- Musique et anatomie…
Son appartement est saturé, les oeuvres papiers sont partout…
Encore aujourd’hui les experts se servent des empreintes de ses chaussures présentes sur les dessins pour les dater. Original n’est-il pas ?
L’argent commence à pleuvoir.
JM n’ayant pas de compte en banque, il entasse des liasses de billets chez lui.
Une de ses amies dira qu’on ne pouvait pas ouvrir un livre ou dormir sur un coussin sans tomber sur des milliers de dollars…
Paradoxalement, JM ne se sent pas à sa place dans ce milieu élitiste et blanc.
LE DEBUT DE LA FIN
Et voilà la mort prématurée de Basquiat sur les rails (de coke entre autres).
Cette soudaine richesse, ce décalage et cette ambiance artistico-New Yorkaise propice à tous les excès le pousse rapidement vers la drogue et la dépression qui l’accompagne.
La mort de son ami Andy Warhol en 1987 le plonge dans un désespoir sans fond.
C’est la descente aux enfers : il n’arrive plus à créer, se coupe de tous et sombre dans une totale toxicomanie.
Un de ses derniers tableaux prophétise la tragédie à venir.

Après une bref retraite à Hawaï pour se défaire de ses addictions et retrouver cette inspiration qui ne lui avait jamais fait défaut, il rentre et annonce sa guérison.
Le 12 août 1987, JM meurt d’une overdose de SpeedBall (association de cocaïne et d’héroïne) et rejoint ainsi Jimmy Hendrix, Brian Jones, Janis Joplin et Jim Morrison au fameux « Club des 27 », privant ainsi le monde de son talent et de ses couleurs.
Sa succession, estimée à 45 millions de dollars, ne fera que grandir, sa mort faisant évidemment monter sa cote.
Précurseur du mouvement néo-expressionniste, on le qualiefiera tantôt de comète, tantôt d’enfant radieux, tous s’accordant sur le fait qu’il soit parti trop tôt.
Voilà ! Donc méfiez-vous de la drogue, des voitures et…de Madonna.
Tels le moteur de mon scooter, vous commencez à être rodés, ci dessous les liens pour approfondir le sujet (car je vous ai vraiment résumé) et découvrir l’incroyable richesse de l’oeuvre de Jean-Michel Basquiat.
Cadeau BONUX : Un petit diaporama de quelques oeuvres emblématiques.
Jasmine B (Ostréicultrice à Djibouti)
LIENS :
J’ai fais une sélection des sources que je pensais pertinentes, la masse d’information permettant rapidement de se perdre.
Audio, vidéo et articles, y’en a pour tous les goûts !
Lecture :
- Un article de Simone Wiener sur Cairn : « Jean-Michel Basquiat, identification d’un artiste«
- Article du Monde : « Basquiat, l’effervescence d’une comète«
Vidéo :
- Un documentaire ARTE sur Basquiat et son environnement New-Yorkais (durée : 54 minutes) : « Jean-Michel Basquiat«
- Un documentaire en 6 parties « Sur les traces de Basquiat » Telerama (durée : entre 2 et 6 minutes)
Je vous ai mis la playlist, merci Mama Pitch !
Audio :
- Podcast de France Culture : « Jean-Michel Basquiat, le peintre boxeur » (durée : 59 minutes)
- Podcast de « Confidentiel » avec Jean-Alphonse Richard : « Jean-Michel Basquiat, la décadence d’un esprit artistique » (durée : 41 minutes)
- Podcast : « Basquiat ou la fureur de peindre » par Connaissance Des Arts (durée : 58 minutes)
- Podcast « Secret d’info »-Janvier 2021 : L’histoire récente d’une polémique sur l’authenticité de 35 dessins (durée : 36 minutes): « Enquête autour de 35 dessins de Basquiat exposés dans une galerie et accusés d’être des faux«
- Podcast « Affaires Sensibles » : une fiction sur la vie de JMB (durée : 59 minutes) : Défiguration
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